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Pierre Gentillet : « L’État de droit ne signifie pas que le droit est fixé à jamais dans le marbre »
Dans cette deuxième matinale, Pierre Gentillet et Hanane Mansouri étaient invités dans le Réveil des Idées. Un débat animé par notre journaliste Jules Laurans, consacré principalement au discours de politique général de Michel Barnier.
Dans cette deuxième matinale, le Réveil des Idées a accueilli deux invités de marque. Hanane Mansouri, plus jeune députée à l’Assemblée Nationale, membre du groupe UDR. Ainsi que Pierre Gentillet, avocat et chroniqueur télé. Tous deux étaient interviewés par notre journaliste Jules Laurans.
Jules Laurans : Pierre Gentillet, est-ce que la fermeté de la politique pénale est indissociable de l’État de droit comme l’a dit le Premier Ministre hier ?
Pierre Gentillet : On comprend pourquoi le premier Ministre. Pourquoi est-ce qu’il a sorti ce propos à la tribune? C’était pour rectifier la petite sortie de son ministre de l’Intérieur, Bruno Retailleau, qui lui-même semble-t-il a un peu rétropédalé. Sans le dire. Mais au fond, je pense qu’en fait, derrière ce propos de Michel Barnier, il y a surtout un aveu d’impuissance. La difficulté de l’état de droit. Je ne vais pas me lancer dans une grande définition ici, mais c’est que bien souvent, en fait, on confond la notion avec plein de choses.
En réalité, ce que voulait dire, à mon avis, au départ, Bruno Retailleau, ce qu’il exprimait comme sentiment, et ce qu’on voit depuis un certain nombre d’années, c’est que le droit n’est pas une hypostase statique. Nous sommes ici avec une parlementaire, c’est la parlementaire qui va voter les lois, qui va donc modifier l’État du droit. L’État de droit ne signifie pas que le droit est fixé à jamais dans le marbre. Nous avons toujours la possibilité d’en changer, typiquement, c’est le cas aujourd’hui. Et c’est ce qu’a voulu dire sans doute Bruno Retailleau, et c’est ce qu’a voulu dire aussi Marine Le Pen à la Tribune hier. Donc, oui, on doit changer l’état du droit.
Jules Laurans : Hanan Mansouri est-ce que vous vous attendez à du changement, on a l’impression d’être plutôt dans du même temps Voilà, Monsoury. Est-ce que vous pensez vraiment qu’on est dans une dimension de changer ? On a l’impression d’être dans du en même temps au vu de ce qui a été dit hier. Notamment sur les questions de fermeté, de laxisme.
Hanan Mansouri : Effectivement, on a un Michel Barnier aujourd’hui, qui est l’otage du macronisme. On le voit notamment à ses choix au sein même de son gouvernement. On a deux ministres, Didier Migaud et Bruno Retailleau, qui ont une vision complètement antagoniste de ce que doit être le droit, de ce que doit être la fermeté dans notre pays. Et donc, je pense que ça va mener complètement à un blocage. Il n’y a pas réellement de ligne politique, de ligne directrice, ni de vue claire, en fait, sur cet aspect-là. Et ça va être très compliqué d’agir.
Jules Laurans : Quelles sont les marges de manœuvre aujourd’hui pour Bruno Retailleau, notamment sur les OQTF, que peut concrètement faire le gouvernement ?
Hanan Mansouri : Je crois que Bruno Retailleau va être bloqué justement par l’aspect justice. Moi, ça me désole de voir à quel point aussi, j’avais pour ma part soutenu Michel Barnier à la primaire des républicains. Parce que je considérais qu’il portait un message qui était fort sur l’immigration, il parlait d’un moratoire, il parlait de quotas. Il parlait de mettre en place des frontières extérieures pour sélectionner les migrants avant qu’ils viennent sur notre territoire. Et là, je ne retrouve pas du tout ces mesures-là. Et je me demande même si, du coup, ce qu’il proposait en 2021 pour la présidentielle, c’était vraiment ce qu’il souhaitait pour notre pays. Mais il fait un peu languis. C’est-à-dire que sur les sujets européens, sur les sujets de souveraineté, on voit qu’il est parfois très pro-européen. Parfois, il propose justement un référendum à moratoire sur l’immigration. On ne sait pas trop où le situer. Aujourd’hui, j’ai l’impression Michel Barnier.
Pierre Gentillet : Michel Barnier, c’est l’autre en même temps de ce gouvernement, si vous voulez, il faut bien comprendre quelque chose. Tout le parcours, toute l’histoire politique de Michel Barnier, c’est un en même temps général.
Et puis, au moment de la primaire des républicains, tout le monde l’a découvert, avec cette histoire de moratoire sur l’immigration qui sortait. Je veux dire comme un cheveu sur la soupe qui arrivait, comme un cheveu sur la soupe. Encore une fois, il est possible qu’il y ait des mues en politique, mais une mue un peu trop rapide. Ça devient suspect, et c’est ça, la difficulté avec Michel Barnier. Il se retrouve dans une Assemblée nationale qui penche très nettement à droite. Et il sait pertinemment que s’il veut survivre plus de quelques mois à sa place, il doit mettre de l’eau dans son vin. Parce que je pense que sa conviction profonde, c’est celle qu’il a animée toute sa vie, c’est une conviction plutôt centriste, plutôt chrétien-démocrate au fond.
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