International
Empêtré dans un scandale de corruption, le procureur général ukrainien démissionne
Andriï Kostine a renoncé à son poste de procureur général suite à la révélation d’un système de corruption permettant à des responsables d’échapper à l’enrôlement militaire.
Ce scandale de corruption s’inscrit dans une série d’affaires qui secouent l’Ukraine depuis le début de la guerre contre la Russie.
Un système de corruption révélé par les services de sécurité
Le procureur général ukrainien, Andriï Kostine, a annoncé mardi sa démission, quelques heures après la publication des résultats d’une enquête menée par les services de sécurité ukrainiens (SBU). Celle-ci a révélé un vaste réseau de corruption au sein des institutions ukrainiennes, permettant à des responsables d’échapper à l’enrôlement militaire en présentant de faux certificats médicaux. Dans son communiqué, Kostine a reconnu l’existence de « faits d’abus honteux » dans son service et a estimé qu’il était de son devoir de démissionner.
Le président ukrainien, Volodymyr Zelensky, avait auparavant convoqué une réunion du Conseil de sécurité nationale à ce sujet. Il avait dénoncé des pratiques frauduleuses qui impliquaient divers organes de l’État, mentionnant explicitement le rôle du parquet dans cette affaire.
Une fraude à grande échelle impliquant des responsables militaires et médicaux
Le scandale qui a conduit à la démission de Kostine est loin d’être un cas isolé. Depuis le début de l’invasion russe en 2022, plusieurs affaires de corruption impliquant l’armée et le ministère de la Défense ont éclaté. En 2024, les services de sécurité ont identifié 64 responsables soupçonnés d’avoir participé à la falsification de certificats de handicap pour échapper à la mobilisation. Plus de 4 100 certificats frauduleux ont ainsi été annulés. Les investigations ont révélé que des responsables de commissions médicales spécialisées avaient vendu ces faux documents contre de généreuses sommes d’argent.
Des perquisitions ont également permis de découvrir d’importantes sommes en liquide chez des responsables, comme en octobre dernier où près de cinq millions d’euros ont été saisis chez la cheffe de la commission médicale de la région de Khmelnytsky. D’après des médias locaux, plus de 50 procureurs de cette région auraient obtenu des pensions d’invalidité grâce à ces pratiques frauduleuses.
Une corruption endémique amplifiée par la guerre
L’Ukraine, qui aspire à rejoindre l’Union européenne, est confrontée depuis longtemps à une corruption endémique, héritage de l’ère post-soviétique. Cependant, l’intensification de la lutte contre ces pratiques est devenue un impératif stratégique pour le pays, surtout depuis le début du conflit avec la Russie. En effet, la guerre a mis en lumière de nombreux dysfonctionnements dans les institutions ukrainiennes, notamment en ce qui concerne la gestion des ressources militaires et humaines.
D’autres affaires ont éclaté ces derniers mois, notamment celle impliquant des responsables militaires et des entreprises privées dans un détournement de 40 millions de dollars destinés à l’achat d’armement. En août 2024, le vice-ministre de l’Énergie, Oleksandre Kheïlo, a également été limogé pour avoir extorqué un demi-million de dollars à des entreprises minières.
Des drames humains en marge du scandale
Outre les questions de corruption, la mobilisation militaire en Ukraine entraîne également des drames humains. Ce mardi, un homme recherché pour s’être soustrait à la mobilisation s’est donné la mort dans un centre d’entraînement militaire après avoir été arrêté. Ce tragique événement traduit la détresse de nombreux hommes en âge de combattre qui cherchent à éviter d’être envoyés sur le front, que ce soit par la corruption, la fuite ou, dans les cas les plus désespérés, le suicide.
La loi martiale, en vigueur depuis le début du conflit, interdit aux hommes en âge de combattre de quitter le territoire. Néanmoins, des milliers d’entre eux ont tenté de traverser illégalement la frontière mais plusieurs d’entre eux ont trouvé la mort en essayant de fuir par les rivières frontalières.
À lire aussi : Algérie : une touriste suisse étranglée par un islamiste dans le Sahara
Aucun commentaire
Loading