Politique
Budget 2025 : le gouvernement Barnier face à une triple menace de censure
Les semaines à venir s’annoncent décisives pour la survie du gouvernement de Michel Barnier. Dès le lundi 2 décembre, le gouvernement entamera une véritable course contre la montre tout au long du mois pour faire adopter trois textes budgétaires à l’Assemblée nationale. Faute de majorité absolue, le Premier ministre a déjà reconnu qu’il devrait recourir à l’article 49.3 de la Constitution, au risque de provoquer une riposte immédiate des oppositions, prêtes à déposer des motions de censure pour le renverser.
Depuis plusieurs semaines, les Français naviguent à vue dans la tempête budgétaire, ballotés entre des amendements plus farfelus les uns que les autres. Difficile de s’y retrouver, d’autant plus que, malgré cette agitation, la situation reste au point mort : la première partie du projet de loi de finances a été rejetée à l’Assemblée nationale. Et même si une commission mixte paritaire est tombée d’accord pour approuver le projet de loi de financement de la Sécurité sociale, il doit tout de même repasser par l’Assemblée.
Conscient de l’impasse, Michel Barnier a confirmé qu’il devra probablement activer l’article 49.3 pour faire passer les textes budgétaires en fin de navette parlementaire. Ce procédé tant décrié est désormais bien connu des Français. Il permet au gouvernement d’adopter une loi sans vote, mais il donne aux députés l’opportunité de riposter avec une motion de censure. Si celle-ci est adoptée par au moins 289 voix, le gouvernement serait renversé.
Trois rendez-vous clés pour le gouvernement sous la menace de censure
Le mois de décembre sera ponctué par trois étapes cruciales, autant d’occasions où le gouvernement Barnier mettra en jeu sa survie politique.
Première étape de cette séquence, le projet de loi de financement de la Sécurité sociale (PLFSS). Adopté en commission mixte paritaire le 27 novembre, ce texte sera soumis au vote des députés le lundi 2 décembre. Si une motion de censure est déposée, elle pourrait être votée dès le mercredi 4 décembre. Ce projet est particulièrement sensible en raison des mesures impopulaires qu’il contient, rendant probable une coalition des oppositions.
Entre les sacrifices exigés des retraités, les coupes dans les remboursements santé et la hausse des cotisations patronales, ce projet de loi pourrait bien devenir le point de ralliement des oppositions prêtes à en découdre avec le gouvernement.
À peine le vote sur le PLFSS passé, le gouvernement devra gérer un deuxième défi avec le projet de loi de finances de fin de gestion pour 2024, déjà rejeté à l’Assemblée. Ce texte sera débattu en commission mixte paritaire le 3 décembre, et le gouvernement pourrait être contraint d’utiliser le 49.3 pour forcer son adoption le 4 décembre. Cette décision ouvrirait la voie à une nouvelle motion de censure, potentiellement discutée le 6 décembre.
Enfin, le gouvernement devra affronter l’étape la plus délicate : le projet de loi de finances pour 2025, le texte central de la politique budgétaire. Après un vote solennel au Sénat prévu le 12 décembre, il reviendra à l’Assemblée nationale pour une ultime lecture. Une motion de censure pourrait alors être examinée autour du 20 décembre, dans une ambiance de fin d’année électrique.
L’opération séduction de dernière minute suffira-t-elle ?
Face à ces échéances, les oppositions de gauche et d’extrême droite ont annoncé leur détermination. Marine Le Pen a confirmé que son groupe voterait toutes les motions de censure si les textes budgétaires restent inchangés, tandis que les partis de gauche, également critiques, pourraient s’allier sur certains points. Toutefois, atteindre les 289 voix nécessaires reste incertain.
Alors, Michel Barnier tente une opération séduction de dernière minute pour désamorcer les tensions avec le Rassemblement national. « J’ai décidé de ne pas augmenter les taxes sur l’électricité », a-t-il annoncé dans un entretien au Figaro, promettant également « une baisse des prix de l’électricité de 14 % ». Une concession importante, destinée à répondre à l’une des principales revendications de Marine Le Pen.
Mais cela suffira-t-il ? La cheffe du RN reste prudente. Ce jeudi 28 novembre, elle fixe un ultimatum au gouvernement : Michel Barnier a « jusqu’à lundi » pour répondre aux « lignes rouges » de son parti sur les textes budgétaires pour 2025 et éviter une motion de censure. « Il y a encore des difficultés », a-t-elle prévenu, malgré les annonces faites un peu plus tôt, notamment sur l’électricité et l’Aide médicale d’État.
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