Programme économique des droites patriotiques : « trancher le nœud gordien »

« On ne sort de l’ambiguïté qu’à son détriment », disait le Cardinal de Retz. Ce type de gattopardisme larvé a malheureusement trop longtemps servi de compas moral aux droites en France, qu’on les identifie comme bonapartiste, libérale, conservatrice ou patriote, pour reprendre nolens volens la typologie de René Rémond.

Il n’en demeure pas moins que faute d’avoir souvent défini des orientations claires en la matière au cours des vingt dernières années, la droite de gouvernement a fini par s’écrouler, alors que les Français placent le pouvoir d’achat, l’économie en général, au premier rang de leurs préoccupations.

La droite patriote, qui s’est hissée sur les cendres de la droite molle, en commençant à s’allier avec la droite libérale-conservatrice, pâtit du legs ambigu du RN en la matière. Du FN des débuts clairement poujadistes (et donc très favorables à la liberté économique des indépendants, commerçants et artisans) à la vision « moderne » de l’économie de Jordan Bardella en juin, en passant par le programme plus populaire et colbertiste de Marine Le Pen, il est malaisé de positionner le RN sur le spectre des idées économiques, là où au contraire, l’UDR d’Éric Ciotti, Reconquête ou Marion Maréchal sont clairement libéraux.

Pour comprendre la genèse de ces contradictions et forger un programme économique servant de boussole à toutes les droites, il faut revenir au champ des idées. Les politiques ont en la matière un complexe obsidional. Or, il faut sortir de nos frontières pour comprendre que le succès de la droite patriote et populaire s’inscrit dans un mouvement propre à l’Occident.

Dès les années 90 aux États-Unis, Christopher Lasch, dans La Révolte des élites, avait noté la nouvelle propension des élites à vivre dans un monde qui leur était propre, une forme de sécession coupée des masses plébéiennes ; il ne fut donc que naturel, deux décennies plus