Société
Castings inclusifs, quotas, et « bonus » à la diversité : une enquête parlementaire pour sortir de la « blanchité » dans le milieu du cinéma

Cette commission d’enquête a vu le jour suite aux appels répétés de l’actrice Judith Godrèche. Si les travaux s’étaient jusqu’ici concentrés sur les violences sexuelles, la séance du 24 janvier a mis l’accent sur le racisme.
Le comédien toulousain Abdelhakim Didane a raconté son expérience, en revenant sur les rôles qu’on lui a proposés tout au long de sa carrière. De son côté, Nadège Beausson-Diagne, notamment connue pour son rôle dans la série Plus belle la vie, a également été invitée à réagir. Interrogés par Sandrine Rousseau sur les actions que peuvent entreprendre les législateurs pour améliorer la représentation des personnes racisées dans le cinéma, les deux acteurs ont présenté « des solutions concrètes ».
Des castings inclusifs et des quotas inscrits dans la loi pour garantir la diversité
Abdelhakim Didane a été le premier à lancer le sujet, sans détour : « Je propose l'intégration des quotas pour garantir une véritable diversité dans les rôles et les productions ».
Quant à Nadège Beausson-Diagne, elle avoue avoir déjà réfléchi à la question avec Aïssa Maïga : « Nous avions commencé à travailler avec des directeurs de casting sensibles à ces questions, qui ouvraient les castings à plus de diversité. Mais cela restait marginal. »
Pour la comédienne, plus question de tourner autour du pot. À moins que ce ne soit vraiment incompatible avec une histoire, les castings devraient être ouverts à tous. Et cela devrait être inscrit dans la loi, sinon, « les choses ne bougeront pas. »
Le député Erwan Balanant (Modem), rapporteur de la commission, se montre séduit par l’idée : « La question des quotas est une réflexion importante. Un jour, nous avons instauré la parité en politique, alors que certains pensaient cela impossible. Pourtant, cela a été fait. Ce sont des questions qu’il faut aborder sans tabou, car nous ne pouvons pas nous priver de votre talent. »
Des bonus à l’inclusivité
Et mieux encore, il faudrait envisager « des mesures incitatives », suggère la comédienne du petit écran. « Par exemple, donner des avantages ou des "bonus" aux productions qui s'engagent activement dans cette démarche, comme cela a été fait pour les productions mettant en avant les femmes. »
Pourtant, pour Sandrine Rousseau, une ombre persiste au tableau. Comment appliquer des castings inclusifs si on ne sait pas précisément qui inclure ? « Pour moi, c’est une vraie problématique, » souligne l’écologiste Sandrine Rousseau. « Les quotas, ça suppose forcément de compter, de mesurer. » Or, dans un pays où les statistiques ethniques sont interdites depuis 2007, car jugées anticonstitutionnelles, comment faire avancer les choses ?
A cette inquiétude, Abdelhakim Didane répond : « Nous avons l’intelligence et les compétences pour trouver d’autres moyens de mesurer et d’encourager la diversité. Je suis statisticien de formation, et je suis convaincu qu’il existe des solutions, même des petits outils ou indicateurs. », répond le comédien, qui a plus d’un tour dans son sac.
« Pourquoi ne pas créer une application qui permette de noter les spectacles, pas seulement sur leur qualité artistique ou leur succès financier, mais aussi sur la diversité et la représentation ? », renchérit-il. Et Sandrine Rousseau ajoute avec enthousiasme : « Avec un objectif de résultat ! »
« Cette industrie reste profondément bourgeoise et blanche »
Surtout que, pour l’actrice de la série Plus belle la vie, il est « d’une grande hypocrisie d’utiliser l’argument selon lequel "il va falloir compter". » Une insincérité qui n’est pas sans lui rappeler ce qui a été fait à Aïssa Maïga lorsqu’elle s’est mise à compter les Noirs présents aux Oscars ou aux César, alors que « c’est juste une simple observation ».
« Cette industrie reste profondément bourgeoise et blanche », rappelle-t-elle. « La norme, aujourd’hui encore, est censée être blanche et masculine. Je sais que le terme de "quota" peut déranger, mais peut-être faut-il envisager d’autres formes de sollicitations. »
Cette remarque a tout de suite trouvé un écho auprès de la présidente de la Commission, qui a rebondi sur la réflexion. « Les incitations me semblent tout à fait possibles, et même assez faciles à mettre en œuvre. D’ailleurs, cela existe déjà pour les femmes. Il n’y a donc aucune raison que cela ne soit pas élargi à d’autres formes de discrimination. » Et de conclure, non sans piquer au vif : « Ce que j’entends, finalement, c’est qu’il s’agit surtout de faire sortir de cet espèce d’aveuglement la blanchité du milieu. »
« Voilà, je l’ai posé. » Une déclaration assumée et provocante, lancée comme un défi à l’auditoire. Les auditions de cette commission d’enquête ne sont pas encore terminées, et le rapport n’est pas encore écrit, mais les conclusions semblent déjà cousues de fil blanc. Il y a quelques jours à peine, le ministre de l’Intérieur, Bruno Retailleau, affirmait que, si elles venaient à être autorisées, les statistiques ethniques pourraient servir les nobles desseins de la « discrimination positive ». À la lumière de ces échanges, il semblerait que ses paroles trouvent un écho "inattendu", voire une justification inespérée.
4 commentaires
SapereAude
D’un coté, l’idée d’ajouter des notes de spectacteurs sur ces critères supplémentaires et surtout non artistiques, permettra à ceux qui s’y opposent de ne plus les financer, en choississant simplement de ne pas aller les voir sur la base de ces mêmes critères. De l’autre, opposons à cette idée que la discrimination positive mise en svant pour reduire toute inégalité supposée entre les hommes et les femmes, se base sur des critère de différenciation objectifs, puisque scientifiques, et binaires. Tandis que toute autre critère basé sur la couleur de la peaux ou les origines ethniques sont non seulement subjecifs et infinis, mais surtout sous tendent donc le soutien de l’idéologie de la hiérarchie des races, ce qui est, nonobstant de la question morale en elle même, illégal.
Signaler un abusvert10
Au nigeria une loi interdit les blancs de tourner pour les pubs TV et pages de pubs dans les journaux
Signaler un abusLibrefiere
Evid le pognon des blancs lui sera toujours bienvenu sauf à faire s'effondrer le système
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