Société
Cinéma : Napoléon pas à la grandeur

Dans la presse britannique et internationale, les louanges ne cessent de pleuvoir. Mais en France, l’heure est à l’hallali. Il y eut d’abord une première charge, celle des historiens. Mieux que quiconque au fait des - nombreuses - inexactitudes historiques du film, ces derniers ne se sont pas privés de les souligner, parfois avec une aigreur injustifiée. Si Thierry Lentz, dans le Figaro Magazine, relève très justement le manque de profondeur du jeu de Joaquin Phoenix, le simplisme absurde de la relation entre Napoléon et Joséphine ainsi que les scènes de batailles qui « ressemblent à des bagarres entre bandes rivales dans le style de celles des Vikings », certains vont bien plus loin. C’est le cas de Patrice Gueniffey, autre spécialiste du sujet, qui accuse carrément le film d’être « antifrançais » et même d’avoir un parti pris « wokiste » ! L’exagération paraît d’autant plus grossière que ce dernier n’est, objectivement, ni l’un ni l’autre…
Puis vint la seconde charge : celle, plus mesurée, des notes des spectateurs, mais surtout celle, tout aussi acerbe, des critiques presse et cinéma. « Décevant », « lourdingue », « Bérézina »… la critique française n’a pas été tendre avec le film évènement et semble ne pas pardonner au réalisateur sa vision de l’Empereur, ou plutôt son absence de vision. De toutes parts, à droite comme à gauche, on tire à boulets rouges sur la dernière œuvre de Scott avec le même entrain que Bonaparte sur les vaisseaux anglais à Toulon.
« Les Français ne s’aiment pas eux-mêmes ! »
De quoi agacer fortement Ridley Scott qui, irrité par cet accueil hostile unanime, a répondu par une tirade incendiaire : « Les Français ne s’aiment pas eux-mêmes ! » Il suffit pourtant d’un simple constat : lorsque c’est le cinéma français qui s’empare de l’histoire de France, il le fait, le plus souvent, avec un prisme désastreux, mêlant repentance et morale ana
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