Société
Michel Barnier face à l’enjeu écologique
Le Premier ministre Michel Barnier, qui porte derrière lui un bilan plutôt sérieux en matière d’écologie, doit encore faire ses preuves au cœur d’un gouvernement de centre-droit prompt à l’austérité.
Peu de gens s’en souviennent, mais avant d’être le « Monsieur Brexit » des primaires de 2021 et le Premier ministre de sortie de crise de cette année, Michel Barnier avait été entre 1993 et 1995 ministre de l’Environnement. Mieux encore, il a été à l’origine d’une loi portant son nom favorisant une réforme du droit de l’environnement, un élargissement du débat écologique, une meilleure protection des espaces naturels et des indemnisations contre les catastrophes environnementales.
Michel Barnier interpellé par les associations et les institutions écologiques
Ainsi, le nouveau Premier ministre jouit d’une aura relativement favorable pour les écologistes de tous bords qui voient pour la première fois depuis belle lurette un chef de gouvernement ayant déjà agi par le passé à ce sujet. Pourtant, alors qu’il doit cette fois composer politiquement avec différentes tendances allant du centre-gauche à la droite nationale, rien ne permet d’assurer pour le moment du sérieux de son futur bilan.
Déjà, le Haut Conseil pour le Climat a rappelé dans un rapport l’impératif de neutralité carbone pour 2050. Malgré des progrès incontestables – comme une baisse des émissions de CO2 de 4,8 % – la trajectoire empruntée pour le moment demeure insuffisante, la France n’étant pas parvenue à tenir son budget carbone sur ces dernières années. L’institution apolitique a tout de même préconisé un investissement de 60 à 70 milliards d’euros sur les cinq prochaines années, la fin des subventions fossiles et, de façon générale, une politique plus ambitieuse en matière climatique.
De nombreuses associations écologistes, elles aussi, ont interpellé le Premier ministre à la veille de son discours de politique générale. Leur principale revendication : « remettre la transition écologique en haut de l’agenda politique ». De nombreuses solutions à l’augmentation des émissions de gaz à effet de serre ont également été proposées comme la « fin des niches fiscales climaticides », la « contribution des acteurs économiques les plus aisés et les plus polluants » ou le « respect des engagements internationaux ».
Le spectre de finances désastreuses
Malheureusement, il apparaît pour l’instant que la cause écologique est loin d’être la priorité du gouvernement. D’abord, la nomination d’Agnès Pannier-Runacher, loin d’être connue pour ses engagements pour la cause écologique, mais plutôt pour ses liens d’intérêts avec le numéro deux du pétrole en France, Pérenco.
Ensuite, il y a les coupes budgétaires. Le déficit atteignant des sommets – plus de 6 % selon les dernières estimations – l’homme de droite libérale qu’est Michel Barnier pourrait décider de nouvelles coupes budgétaires dans la transition écologique ainsi que l’avait fait plus tôt cette année Bruno Le Maire. À noter que selon les informations actuellement disponibles, l’écologie pourrait bien souffrir de cette austérité, notamment pour la rénovation énergétique, le verdissement du parc automobile ou les collectivités.
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