Décroissance VS puissance : le nouveau clivage européen
La bataille qui se livre à l’occasion de l’élection européenne est moins anecdotique qu’il n’y paraît. Comme souvent au moment des grandes confrontations, elle fait émerger les basculements qui s’annoncent et en l’occurrence le nouveau clivage politique qui se profile. Philippe Olivier, eurodéputé Rassemblement national, en propose son analyse.
Alors que jusqu’à présent peu de gens avaient osé contester aux écologistes l’autorité morale dont ils s’étaient parés, voilà que les agriculteurs, en Hollande d’abord, puis dans toute l’Europe, viennent renverser les totems autour desquels nos sociétés étaient aveuglément contraintes de danser. La pampa s’est enflammée, et la révolte agraire qui s’est déclarée dans de très nombreux pays européens commence à consumer les équilibres politiques existants. Les Pays-Bas basculent, le reste de l’Europe s’affole. Pour bien comprendre la situation, il faut revenir aux fondamentaux du « vonderleyisme ».
L’un des piliers du mandat de la Présidente de la Commission est, avec le Pacte pour les migrations, le Pacte vert ou « green deal ». Cette feuille de route d’écologie punitive, bornée de mesures coercitives, comprimée dans un calendrier de mise en œuvre intenable, devait conduire l’Europe à la rédemption écologique. L’objectif était la neutralité carbone, mais pas vraiment la neutralité idéologique.
L’écologisme est un wokisme
Selon un procédé chimique qui permet de transformer le rouge en vert, l’Union européenne a, sous couvert d’écologie, entrepris un grand chantier de déconstruction. Comme ses succursales wokistes que sont le genrisme, le décolonialisme ou le féminisme radical, l’écologisme procède d’une analyse oppressive du monde. L’être humain, tout particulièrement occidental, doit donc être considéré comme un oppresseur ou même un prédateur et traité comme tel : il doit non seulement s’accuser et se repentir mais également laisser la place. On parlerait dans certains amphis de « cancélisation » de l’Homme. C’est toute cette pensée extrémiste qui a prévalu dans le mandat d’Ursula von der Leyen où l’Europe, son génie, ses capacités technologiques, créatrices ou productives, ont été sommées de s’effacer.
Derrière la « transition », une révolution
La « transition écologique » qui nous a été vendue benoîtement dissimule en réalité une véritable révolution, une révolution anti-technologique et anti-économique et, au-delà même, une révolution anti-humaniste. Subrepticement, en effet, les européistes ont entraîné l’Europe de la croissance recherchée à la « croissance verte », puis à la « croissance zéro », c’est-à-dire la stagnation, pour l’engager désormais vers la « décroissance ».
Décroissance : de l’interdiction à l’extinction
En cinq ans, sous l’impulsion de la très autoritaire Ursula von der Leyen, ont été adoptés de très nombreux textes qui s’appuyaient systématiquement sur des injonctions, des restrictions et surtout des interdictions. Comme si le repli, la cessation d’activité, l’extinction de la présence humaine était la seule option, pratiquement aucun de ces textes ne prévoyaient de solutions techniques ou scientifiques corrélatives. Ce choix délibéré d’un effacement de l’Homme marque à l’évidence, à bas bruit, une rupture avec l’anthropocentrisme tel qu’il fut porté par les classiques, le christianisme ou les Lumières.
UE : un empire fondé sur la culpabilisation
Le grand paradoxe de l’Union européenne, c’est de s’envisager comme un empire, un empire veule qui a renoncé à la puissance et se fait devoir d’absorber celle des Nations pour la neutraliser ; un empire wokiste fondé sur la culpabilisation des peuples d’Europe dont le dynamisme créatif et productif indispose, culpabilisation de l’Occident d’avoir dominé le monde durant des siècles, culpabilisation de l’Homme que des tentations nihilistes voudraient voir disparaître. Appuyé sur la croissance de nos économies et la puissance des Nations, notre projet est national et humaniste, et c’est en cela qu’à l’inverse de l’Union européenne, il est foncièrement européen.
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