Immigration
Le nouveau mal du pays
Vous savez ce que c’est que le mal du pays ? C’est le malaise qu’on ressent quand on se déracine trop longtemps, quand notre pays nous manque. Oui, bien sûr que vous le saviez.
Durant mon voyage, je l’ai souvent ressenti. En fait, plus le temps passait, plus je le ressentais. Jusqu’à présent, c’est comme cela que ça se développait, un mal du pays, et ça se guérissait, et plutôt facilement, en rentrant chez soi.
Mais les choses ont changé. Nous sommes à un tournant, que voulez-vous, c’est un siècle de progrès, et le propre du progrès c’est d’aller si vite que les mots ne peuvent même plus suivre pour exprimer les changements. Ce que la langue n’est pas capable d’exprimer, c’est ce nouveau mal du pays, incurable, qui même une fois qu’on est rentré, ne guérit pas. Pire encore, ce nouveau variant touche même ceux qui ne l’ont jamais quitté. Si le mal du pays avait toujours été un luxe de voyageur, il est dorénavant accessible à tous. C’est un siècle de progrès.
Si vous souffrez de ce nouveau mal du pays, sachez qu’il est incurable. Parce que ce n’est plus vous qui quittez le pays, c’est lui qui vous quitte.
Et comme après une rupture douloureuse, on dit souvent que c’est nous qui avons rompu, que c’est nous qui sommes parti, que c’est nous qui l’avons quittée parce qu’on n’en pouvait plus, ou qu’on n’en voulait plus, qu’on avait trouvé mieux. Ou bien qu’on s’est quitté d’un commun accord. Parce qu’elle a changé, qu’on ne la reconnaissait plus, qu’elle n’était plus comme avant.
Mais c’est faux et tout le monde le sait. On ne vous le dit pas pour ne pas nous vexer mais tout le monde le sait : la France vous a quitté. Elle ne vous aimait plus, et ce n’est pas réciproque. Elle en aimait un autre. Vous vous mettez à l’insulter. Et vous vous en voulez de l’insulter. Mais quand même… quelle salope !
Et elle ne s’est pas mise à aimer n
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