Société
Prisons : deux surveillants de Villefranche-sur-Saône portent plainte après la diffusion de leurs données personnelles

Des agents ciblés en ligne après une série d’attaques
Deux surveillants de la maison d’arrêt de Villefranche-sur-Saône ont vu leur identité et leurs horaires de travail exposés sur le réseau social TikTok. Les faits, révélés par Le Monde et confirmés par le parquet, ont conduit les deux agents à déposer plainte en début de semaine. Une enquête est en cours, selon la procureure Laetitia Francart.
Ces révélations interviennent alors qu’une vague d’attaques concertées a visé au moins six établissements pénitentiaires en France entre le 13 et le 17 avril. À Toulon, des tirs à l’arme automatique ont été dirigés contre l’entrée de la prison ; à Amiens, une surveillante a retrouvé sa boîte aux lettres taguée et les pneus de son véhicule crevés. À Valence, Marseille ou encore Nanterre, des voitures d’agents ont été incendiées, souvent marquées de l’inscription « DDPF » — sigle revendiqué par un mystérieux canal Telegram intitulé « Défense des Droits des Prisonniers Français ».
Une inquiétante escalade, entre menaces ciblées et propagande
Selon BFMTV, d'autres agents visés ont également porté plainte. Un surveillant d’Aix-Luynes a été la cible de menaces de mort après la diffusion de ses données personnelles sur Telegram. À Amiens, la surveillante attaquée a dû être relogée. Face à cette escalade, le parquet national antiterroriste (PNAT) a annoncé s’être saisi de l’enquête, évoquant un objectif clair : « troubler gravement l’ordre public par l’intimidation ».
La piste du narcobanditisme est jugée « crédible » par Gérald Darmanin, bien que l’ultragauche et une éventuelle ingérence étrangère restent aussi envisagées. Les autorités évoquent une coordination inédite, menée par des individus filmant eux-mêmes leurs actions et revendiquant leurs actes en ligne, souvent accompagnés de références à la série Gomorra ou de messages menaçants ciblant les agents et leur entourage.
Dans ce climat tendu, les syndicats pénitentiaires réclament des mesures urgentes pour garantir la sécurité des personnels. « Ceux qui s’en prennent aux prisons ont vocation à y être enfermés », a déclaré le ministre de l’Intérieur Bruno Retailleau. Reste à identifier avec certitude les responsables d’une campagne qui, pour l’heure, mêle anonymat numérique, ciblage individuel et logique de guerre psychologique.

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