Politique
Résultats des législatives : reculer pour mieux sauter ?
Alors que les résultats du second tour de ces élections législatives anticipées tombent au compte-gouttes, l’interrogation est légitime quant aux raisons de l’échec du camp national. Décryptage.
La campagne ne fut pas de tout repos pour le RN, qui ne peut même pas s’enorgueillir de réussir son pari : non, selon les premières estimations des résultats, Jordan Bardella ne séjournera pas à Matignon. Pourtant, si le RN échoue aux portes du pouvoir, il fait plus que doubler son nombre d’élus et d’électeurs malgré un contexte politico-médiatique toujours aussi hostile.
Résultats des législatives : une victoire teintée d’amertume
Avec entre 120 et 130 députés, le Rassemblement National, flanqué de 16 députés LR ralliés sous la bannière d’Éric Ciotti devient de loin le plus grand groupe de cette XVIIème législature. Difficile à première vue de parler d’échec pour le parti à la flamme, qui atteint ce soir des scores électoraux jamais vus dans son histoire. Toutefois, à 160 députés de la majorité absolue, le parti lepeniste ne peut espérer un quelconque gouvernement de coalition à son bénéfice.
Loin des 300 voire 350 élus pronostiqués par les premiers sondages du mois dernier, le RN n’obtient donc qu’une grosse minorité comme lot de consolation. Alors que des bruits de couloir laissaient entendre ces derniers jours que le président de la République était près à accorder à Jordan Bardella la possibilité de composer un gouvernement au-dessus de 260 députés, moyennant quelques débauchages LR supplémentaires, la chose s’avère désormais compromise au vu des résultats.
Le chant du cygne du système ?
Ce semi-échec du bloc national doit toutefois se comprendre à l’aune du tir de barrage effectué par le système au soir du 30 juin. Anticipant une victoire massive du Rassemblement National, la réactivation du soi-disant front républicain par les partis du système, de l’extrême gauche la plus radicale aux caciques de la chiraquie, a conduit à 220 désistements de la gauche, du centre et de droite, de sorte que les 306 triangulaires du soir du premier tour se sont réduites à 94.
Dans ces conditions complexes, le score du RN relève davantage du miracle que du chemin de croix : pour autant, à bien y réfléchir, cette défaite n’est-elle pas préférable à une victoire empoisonnée ? En effet, le cas échéant, les périls eussent été fort nombreux, pour un résultat plus qu’imparfait. De fait, il est même possible que les résultats de ce soir pavent la voie à une victoire massive du camp patriote dans les mois et les années à venir.
De défaites en défaites jusqu’à la victoire
Supposons : dans le meilleur des cas, un gouvernement RN remportant la majorité des suffrages aurait dû composer avec l’obstruction législative prévisible des autres partis de l’Assemblée et du Sénat, faisant du passage de chaque projet de loi un calvaire. Emmanuel Macron, depuis l’Elysée, n’aurait pas manqué de torpiller chaque tentative en usant et abusant de toute son autorité pour freiner des quatre fers. L’opposition de toutes les administrations, des universités aux préfectures en passant par le Conseil d’État et le Conseil constitutionnel, de même que la paralysie du pays par les grèves et les émeutes, n’auraient pas manqué d’être portés au crédit d’un gouvernement RN, accusé de tous les maux par des médias aux ordres de la gauche. Enfin, quels qu’eussent été les progrès en un an, la future dissolution de l’an prochain aurait achevé les maigres espoirs d’une alternance RN dans un futur proche.
Allons toutefois plus loin : il n’est une surprise pour personne que les comptes publics de la nation soient largement déficitaires depuis de multiples années, mais il semble moins défrayer la chronique que ceux-ci ont récemment atteint la côte d’alerte. De fait, la fin d’année verra probablement le gouvernement, quel qu’il soit, devoir sévèrement raboter les dépenses, suscitant moult mécontentements et agitations dans le pays. N’aurait-il pas été plus logique, de la part d’un président que l’on dit si machiavélien, de laisser porter le blâme d’une telle cure d’austérité à ses ennemis ? A contrario, la probabilité toujours plus élevée d’un gouvernement technique ou d’une “grande coalition” des communistes aux LR aux prises avec une telle catastrophe financière ne représenterait-elle pas l’ultime clou du cercueil des partis du système ?
En conclusion, il apparaît de plus en plus probable que la défaite tactique de ce soir pose les bases de la victoire stratégique prochaine. Ce soir a probablement marqué le dernier coup de force du système.
Découvrez les résultats circonscription par circonscription
« Je tiens à remercier tous les électeurs du Rassemblement national pour ce sursaut patriote. Le Rassemblement national réalise la percée la plus importante de son histoire. » : Jordan Bardella réagit aux résultats des #LEGISLATIVES2024 . pic.twitter.com/viKUwHOxof
— Frontières (@Frontieresmedia) July 7, 2024
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