International
277 morts à Alep : le djihad syrien s’embrase à nouveau
Le pays n’avait pas connu une telle violence depuis 2020. Ce samedi 30 novembre, des djihadistes ont pris la moitié de la ville d’Alep, la deuxième du pays, où se situe le dernier bastion terroriste. Selon l’Observatoire syrien des droits de l’homme (OSDH) les forces du régime syrien se sont retirées « sans combat », laissant place nette aux terroristes. Leur bastion d’Idlib, lui, subit les foudres de l’aviation russe et syrienne.
Une offensive éclair bien coordonnée
En trois jours, 277 morts ont mis fin au relatif calme de ces quatre dernières années dans le pays, ravagé par l’Etat islamique depuis 2011. Mais l’attaque coordonnée par le groupe Hayat Tahrir al-Cham (HTS) et leurs alliés a opéré une percée inédite dans le nord-ouest du pays où se situe Alep.
C’est notamment grâce à « deux attentats suicide à la voiture piégée » que le groupe djihadiste HTS a pu atteindre les portes de la ville et conquérir petit à petit environ 70 localités dans les régions d’Alep et d’Idlib, dont la ville stratégique de Saraqeb, située à l’intersection de deux axes autoroutiers majeurs reliant Damas à Alep et à Lattaquié.
D’après l’OSDH, les morts sont pour la plupart des combattants, mais aussi plusieurs civils, dont quatre tués à Alep par des bombardements visant une cité universitaire. Le Bureau des affaires humanitaires de l’ONU (OCHA) estime que plus de 14 000 personnes ont été déplacées par les violences, dont près de la moitié d’enfants.
🔴🇸🇾#URGENCESYRIE
Les jihadistes Hay’at Tahrir al-Sham (Organisation de libération du Levant), ancienne branche syrienne d’Al-qaida sont entrés dans la ville d’#Alep, première fois depuis 2016. Les habitants fuient en masse par les routes qui ne sont pas coupées.
🙏Prions pour… pic.twitter.com/DIY5DcL2D7— SOS Chrétiens d’Orient (@SOSCdOrient) November 29, 2024
Réactions internationales et contre-offensives
Des porte-paroles de la Russie, de la Turquie et de l’Iran ont immédiatement appelé à faire cesser au plus vite le conflit. Le Monde avec l’AFP rapporte que le ministre des affaires étrangères iranien a « souligné le soutien continu de l’Iran au gouvernement, à la nation et à l’armée de la Syrie dans leur lutte contre le terrorisme », quand le porte-parole du ministère des Affaires étrangères turc qualifiait sur X « une escalade indésirable des tensions dans la région frontalière », ajoutant que « maintenir le calme à Idlib et dans la région frontalière (…) est une priorité pour la Turquie ».
C’est justement ce à quoi s’est attelé l’armée syrienne, qui a intensifié ses opérations militaires dans la région. Soutenue par l’aviation russe, elle a bombardé des positions jihadistes, détruit des équipements militaires et abattu plusieurs drones. La Russie, qui appuie le régime de Bachar al-Assad, a annoncé avoir « éliminé » 200 combattants lors des dernières 24 heures, bien que le chiffre n’a pas été confirmé par des sources indépendantes.
Des victimes en plus dans le charnier de la guerre sainte
Cette offensive jihadiste s’inscrit dans un contexte de désespoir humanitaire. Depuis le début du conflit en 2011, la guerre en Syrie aura causé plus de 500 000 morts et déplacé des millions de personnes. Le cessez-le-feu instauré en 2020, parrainé par Moscou et Ankara, leur avait offert un répit temporaire, que l’incursion vient de briser.
Alors que les jihadistes poursuivent leur progression, la bataille pour Alep pourrait réintroduire de l’incertitude dans le pays : La rapide prise de la moitié d’une ville aussi stratégique n’aidera pas le régime de Bachar al-Assad à maintenir son autorité, tandis qu’il donne aux djihadistes des raisons de croire qu’ils peuvent encore abattre des cartes dans la région. Pour les civils, ces développements ne font qu’aggraver une situation déjà catastrophique, faite de peur et d’exil.
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