International
Israël : la menace de l’embrasement
Le conflit israélo-palestinien peut entraîner le monde dans une conflagration où s’opposeraient Orient et Occident, jusqu’aux derniers recoins du globe. Analyse.
Conflit au Proche-Orient : l’élément déclencheur
Selon le Hamas, 5 000 roquettes auraient été tirées depuis la bande de Gaza vers Israël rien que dans la journée du 7 octobre. Saisi par l’horreur et la gravité des incursions des 2 000 islamistes dans les kibboutz proches du territoire palestinien, Tsahal a riposté d’abord dans les airs puis sur terre avec l’opération « Sabre de fer » consistant à bombarder les zones stratégiques de l’ennemi dans la bande de Gaza, avant de déployer les forces terrestres sur place. Pour rappel, l’armée israélienne dispose de 170 000 soldats opérationnels ainsi que de 450 000 réservistes ayant reçu une formation militaire obligatoire. Le Hamas, quant à lui, dispose d’à peu près 30 000 combattants.
Le territoire israélien est protégé par plusieurs batteries anti-aériennes comme le dôme de fer, la fronde de David et le système Arrow 2. Ce dernier s’est avéré être particulièrement efficace contre un missile yéménite tiré le 30 octobre par la tribu des Houtis en direction de la ville d’Eilat où nous étions en reportage. Ce missile, accompagné d’une flopée de drones, était balistique, c’est-à-dire qu’il a effectué sa trajectoire hors de l’atmosphère. Malgré cette technologie de pointe, le système anti-missiles israélien Arrow 2 a détruit cet engin avant qu’il s’abatte sur la ville où 50 000 israéliens se sont réfugiés depuis le début de la guerre. C’est la première fois dans l’histoire de la défense anti-missiles qu’on intercepte une menace en-dehors de l’atmosphère terrestre.
Après avoir ciblé les infrastructures militaires du Hamas dans la bande de Gaza, Tsahal a entamé son incursion terrestre dans la nuit du 25 au 26 octobre. Depuis, l’armée israélienne a cerné la ville de Gaza et commencé à s’y introduire afin de détruire le Hamas de l’intérieur. À Ashkelon, à quelques encablures de la bande de Gaza, lors de nos interviews, nous pouvions sentir le sol trembler sous les bombes, tout cela suivi du bruit assourdissant des explosions.
« La guerre dans la bande de Gaza sera longue et difficile, et nous y sommes prêts », avait déclaré le Premier ministre israélien, Benyamin Netanyahou, le 28 octobre. Depuis, l’armée israélienne lutte pour la survie de l’entité sioniste au Proche-Orient, mais aussi dans la guerre internationale de la communication, comme l’a déclaré à notre micro Yonathan Conricus, porte-parole de Tsahal : « Vous devez visionner les horreurs du Hamas pour vous rendre compte contre qui nous luttons. » En attendant, le Hamas voit sa propagande être reprise par l’ensemble du monde musulman. Par-delà ses frontières, le groupe terroriste palestinien trouve des alliés militaires au nord d’Israël, au Liban et en Iran.
Interview en cours du porte-parole de l’armée de Tsahal en #Israel. Documentaire à venir sur Livre Noir. pic.twitter.com/f9G0707AHi
— Livre Noir (@Livrenoirmedia) November 2, 2023
Conflagration régionale
Le nord d’Israël est depuis le 7 octobre fréquemment pris pour cible par le Hezbollah, parti libanais chiite pro-iranien. D’une tout autre dimension que le Hamas, il dispose de pas moins de 150 000 missiles et roquettes. En matière de forces armées, il disposerait de 20 000 soldats professionnels et de 30 000 réservistes.
À l’heure où nous écrivons, les forces Al-Fajr de Jamaa Islamiya du Hezbollah sont mobilisées au sud du Liban. Pour le moment, elles n’ont pas tenté d’incursions en territoire israélien, mais échangent avec l’État hébreu des salves de missiles et de roquettes. Tel-Aviv ne se situe qu’à cent cinquante kilomètres au sud du Liban et beaucoup de civils sur place nous ont raconté, lors de notre reportage, que les sirènes d’urgence-bombardement retentissaient jusqu’à trois fois par jour.
Le Hamas compte, dans la région du Proche-Orient, beaucoup d’alliés. De manière générale, le monde musulman soutien, coûte que coûte, les attaques du Hamas contre Israël. Pour l’heure, les belligérants de ce conflit contre l’État hébreu, sont le Hamas, le Djihad Islamique, l’Iran, les Houthis ainsi qu’une large frange de groupes subsidiaires rattachés à ces organisations terroristes et militaires.
Fidèle soutien du groupe terroriste, l’Iran mène une guerre de proxy avec Israël en soutenant financièrement le Hamas à hauteur de 100 millions de dollars par an. Des contingents militaires iraniens seraient également envoyés au groupe terroriste palestinien en plus d’armes et de munitions. Depuis l’ouverture du couloir humanitaire de Rafah en Égypte, contrôlé par les autorités du pays, des munitions de fusils d’assaut transiteraient dans des sacs de réserves alimentaires.
Dans sa logique de guerre par intermédiaires, l’Iran a demandé à la Turquie, lors d’une rencontre entre les deux ministres des Affaires étrangères à Ankara le 1ᵉʳ novembre, d’organiser une conférence internationale pour la paix au Proche-Orient afin d’éviter un embrasement militaire à l’échelle de toute la région ou du monde arabe. Pour rester fidèle à sa stratégie de dissuasion, l’armée iranienne dispose d’une force opérationnelle non-négligeable en apparence et n’hésite pas à communiquer à ce propos : selon un rapport de la Banque mondiale, l’Iran consacre 24,59 milliards de dollars à son armée, soit 2,3 % de son PIB en 2021. Néanmoins, en termes d’armement, l’Iran aurait en sa possession du matériel militaire vétuste, datant de l’époque du Shah. Les chars blindés, l’artillerie et les aéronefs composant l’ensemble du parc militaire de l’armée d’Iran,ne seraient utilisables qu’à 50 %. Les soldats de Téhéran sont néanmoins habitués à de longues guerres dans des contextes difficiles, à l’instar de la guerre civile syrienne contre l’État islamique, le PYD et la CNFOR ainsi que face l’État islamique depuis 2014.
Selon Pierre Razoux, spécialiste en relations internationales, les forces armées iraniennes sont pétries de paradoxes. La défense aérienne de l’Iran ne permet pas de défendre l’ensemble du territoire. Dans un autre temps, en matière de cyberattaques et de système GPS, la technologie iranienne serait compétente. Téhéran reste donc un élément menaçant dans ce conflit. L’entrée de toute la force de frappe iranienne dans le conflit pourrait bien changer, du tout au tout, le sort de la guerre.
Guerre de communication
La guerre de la communication reste un enjeu géopolitique prépondérant pour le Hamas. Les caisses de résonance de l’islam radical sont très nombreuses en Occident à cause des diasporas musulmanes. Très tôt dans le conflit israélo-palestinien en cours, le monde occidental a été confronté aux conséquences de l’importation de l’islamisme dans ses sociétés et à la puissance des antennes-relais de la propagande du Hamas. Londres, Paris, Berlin, New-York et tant d’autres mégapoles occidentales ont été le théâtre de manifestation pro-Palestine réunissant parfois des centaines de milliers de personnes et vectrices de messages anti-sionistes et judéophobes.
Une des conséquences de l’importation de l’islamisme en Occident est la recrudescence d’actes judéophobes. Le conflit en cours au Proche-Orient a ravivé l’antisémitisme des populations musulmanes, que ce soit en Europe ou ailleurs. Depuis les tueries du Hamas d’octobre, la France a ainsi été le théâtre d’une impressionnante vague d’antisémitisme : Beauvau ne compte pas moins de 1 500 actes contre la communauté juive depuis l’attaque du Hamas.
« Nous sommes tous Palestiniens ! » « Stop à l’Apartheid d’Israël ! »
De nombreux manifestations en keffieh et de femmes voilées manifestent en ce moment à #Londres pour la plus grande manifestation d’Europe pour la #Palestine.
📍 Livre Noir est sur place. pic.twitter.com/aqU1vuBHYU
— Livre Noir (@Livrenoirmedia) November 11, 2023
Face à une opinion publique occidentale divisée sur la question palestinienne, les porte-parole de Tsahal insistent sur la nécessité de visionner les images que relaie le Hamas sur ses canaux Telegram. Un film diffusé par Tsahal sur les atrocités du groupe terroriste islamiste a par exemple été visionné à l’Assemblée pour que les députés se rendent compte de la barbarie des islamistes. Cette compilation de vidéos, que les terroristes islamistes enregistrent sur leurs GoPro, dure une quarantaine de minutes et n’a, pour l’instant, laissé personne tout à fait indifférent.
De la résilience à la résistance
Durant notre reportage, nous avons pu nous entretenir avec des jeunes Franco-israéliens qui nous ont partagé leurs motivations à rester en Israël. Ici, même si le pays est en guerre ouverte contre l’islamisme, la sécurité qu’offre Israël à ses ressortissants est l’un des grands atouts que viennent chercher nombre de binationaux français, surtout s’ils sont juifs. L’Hexagone n’étant plus sûr pour des raisons d’immigration et d’islamisation de la société, le point de chute des Franco-israéliens n’est donc pas la campagne française ou un autre pays francophone, mais bel et bien Israël.
Suite aux attaques du 7 octobre, une grande vague de solidarité s’est naturellement mise en place dans la société civile israélienne. « Lorsque je ne travaille pas à cause de la guerre et du manque de touristes, je viens en aide aux réfugiés ou aux familles de soldats en leur apportant à manger et une présence humaine », nous a expliqué un taxi opérant dans tout le territoire israélien pour effectuer des long-courriers. Dans le kibboutz de Kfar Aza, là où entre 150 et 200 civils ont été massacrés par le Hamas, des civils sur place ont entendu l’appel des porte-parole de Tsahal : « Les civils doivent revenir vivre dans les kibboutz afin de prouver au Hamas et à la terreur qu’ils ne gagneront pas la guerre. »
Le peuple d’Israël est donc passé de la résilience à la résistance. En dépit d’un conflit qui s’annonce être long sur le plan militaire, au mépris des fortes répercussions sur la stabilité dans la région, Israël veut aujourd’hui assurer à tout prix la survie de son État. Au risque que le monde s’embrase.
À lire aussi : Israël : la trêve prolongée et les otages libérés
À regarder sur la chaine YouTube de Livre Noir : Eric Zemmour en Israël : 5 jours en zone de guerre [ Documentaire ]
Aucun commentaire
Loading