Jeremy Stubbs : « L'affaire des grooming gangs risque de mettre le gouvernement dans une position particulièrement inconfortable ! »
[ENTRETIEN] Jeremy Stubbs, directeur adjoint du magazine Causeur, s’est confié à Frontières. Il revient sur le scandale des grooming gangs et pointe la responsabilité des médias dans le traitement de cette affaire. Il met également en lumière l’attitude des travaillistes, peu disposés à favoriser la transparence sur ces enquêtes.
Certains médias ont délibérément passé sous silence les viols et les meurtres liés aux Grooming gangs. Qui porte réellement la responsabilité dans cette affaire ?
Les poursuites et condamnations prononcées jusqu’à présent restent insuffisantes. Non seulement elles sont peu nombreuses, mais elles ne reflètent pas la gravité des crimes commis. Beaucoup de criminels circulent déjà en liberté. Une victime, par exemple, a récemment croisé l’un de ses bourreaux dans un supermarché. Une telle situation est intolérable et ne devrait jamais se produire.
Par ailleurs, diverses catégories de personnes ont joué un rôle dans cette situation. Parmi elles, on trouve les policiers, les forces de l’ordre, les agents des municipalités, les travailleurs des services sociaux, les élus parlementaires, les journalistes, les chercheurs et même certains militants d’extrême gauche. Toutes ces personnes ont, à de divers degrés, contribué à maintenir le silence ou à dissimuler les faits. Actuellement, ceux que l’on pourrait qualifier d’« adversaires de la Lumière » s’efforcent de maintenir ce voile d’omerta.
Un amendement visant à déclencher une enquête nationale sur les grooming gangs a été rejeté massivement, les travaillistes affirmaient qu'il alimentait des rumeurs et des fausses informations associées à Elon Musk. Quelle est votre opinion sur la position des travaillistes dans cette affaire, qui semble les plonger dans le discrédit ?
Absolument, mais cette attitude relève d’une profonde hypocrisie. Une enquête d’envergure viserait principalement des élus travaillistes, que ce soit au niveau des municipalités ou peut-être même au Parlement. Ils ont donc tout intérêt à dissimuler ces faits, bien qu’il leur soit impossible de les étouffer complètement.
Par ailleurs, il est frappant de constater que Boris Johnson a été écarté du pouvoir sous la pression médiatique, ces derniers s’acharnant sur des histoires de quelques bouteilles de vin à Downing Street. Désormais, ce sont les médias, en particulier ceux classés à droite, qui s’empareront de ce véritable scandale. Cette affaire risque de mettre le gouvernement dans une position particulièrement inconfortable.
Comment expliquez-vous qu’un nombre si élevé de victimes ait donné lieu à si peu de témoignages et, en conséquence, à si peu de condamnations ? Est-ce lié au fait que les Grooming gangs ciblaient principalement des familles défavorisées ?
Outre le déni systématique et la peur d’être accusés d’islamophobie, les services de police prêtaient peu d’attention à ces jeunes filles. Issues des classes ouvrières, elles étaient souvent perçues comme des prostituées ou des toxicomanes, et donc considérées responsables de leur propre sort. Cette vision a contribué à une certaine culpabilité collective. Par ailleurs, l’ampleur même de ce phénomène était si énorme que beaucoup n’ont pas été capables de l’appréhender pleinement.
On en vient à se demander si une telle réalité est concevable. Pourtant, elle existe bel et bien, et des mesures doivent être prises. L’horreur de cette situation réside également dans son caractère presque inimaginable, tant elle dépasse l’entendement.
Elon Musk critique fréquemment Keir Starmer, le Premier ministre britannique. À quoi cela peut-il être attribué ? Est-ce lié à son passage au Crown Prosecution Service — l’équivalent du ministère public — entre 2008 et 2013 ?
Une enquête représenterait un réel embarras pour Keir Starmer, car il serait contraint de répondre à des questions susceptibles de mettre à mal sa crédibilité, même s’il parvenait à y répondre correctement. En politique, le simple fait d’être interrogé sur des sujets sensibles peut donner une mauvaise image. Cela dit, il faut reconnaître qu’Elon Musk a tendance à adopter une manière hyperbolique de s’exprimer.
Keir Starmer, quant à lui, est souvent perçu comme un homme sans charisme, davantage assimilé à un bureaucrate qu’à un véritable leader. Il semble ignorer certaines évidences, préférant, par exemple, sanctionner les personnes impliquées dans les émeutes de l’été dernier plutôt que d’examiner les causes profondes de ces troubles. De même, il maintient un silence pesant sur la question des grooming gangs, évitant tout effort de transparence.
Son absence de réaction et son apparente insensibilité à des problématiques majeures expliquent en partie pourquoi Elon Musk le critique ouvertement. Starmer peut être comparé, dans un certain sens, à des figures comme Thierry Breton en Europe, ou encore à Tommy Robinson au Royaume-Uni, ce dernier étant un lanceur d’alerte controversé qui provoque régulièrement le malaise au sein du gouvernement britannique. À l’image de certains activistes en France, ces personnalités, bien qu’elles dérangent, soulèvent des débats que beaucoup préfèreraient éviter.
Pouvez-vous nous expliquer en quoi consistent exactement les activités des polices communautaires au Royaume-Uni ? Cela peut sembler assez étrange depuis la perspective française. Comment ce système fonctionne-t-il concrètement outre-Manche ?
Au Royaume-Uni, la police est très décentralisée, contrairement à la France où les préfets, sous l'autorité directe du ministre de l'Intérieur, reçoivent et appliquent des instructions claires. Là-bas, les forces de l’ordre ont pour habitude de dialoguer et de négocier directement avec des soi-disant leaders communautaires. Cela s’apparente, dans une certaine mesure, à une police de proximité.
Cependant, cette approche s’accompagne souvent d’une certaine complaisance, notamment dans certaines régions, une attitude encouragée par des élus locaux et d’autres responsables. Si l’on parle fréquemment de multiculturalisme en évoquant le Royaume-Uni, la réalité semble bien différente. Ce que l’on observe davantage, ce sont des mensonges, du déni, de la corruption et un cynisme politique et électoral marqué. Voilà le véritable visage de la situation.
Il serait plus judicieux d'employé un terme plus approprié que grooming gang mais de traite raciale, car c'est ce dont il s'agit ici. On diminue la portée réelle des faits au vu de l'ampleur des faits sur l'ensemble du territoire du Royaume-Uni.
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