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Visite d’État au Maroc : en finir avec le jeu de dupes des laissez-passer consulaires
Emmanuel Macron sera au Maroc du 28 au 30 octobre pour tenter de mettre fin au jeu de dupes sur les laissez-passer consulaires. En 2023, la France a délivré au Maroc 238.750 visas mais n’a obtenu que 725 laissez-passer.
Bruno Retailleau, ainsi que d’autres ministres et chefs d’entreprise participeront au déplacement, rapporte Euractiv. Comme l’a déclaré le ministre de l’Intérieur, sur France Inter le 24 octobre, le Maroc est un « grand pays ami », et la France espère « parfaire et accélérer un certain nombre de réadmissions et de retours » de personnes sous OQTF.
Le Maroc limite les laissez-passer consulaires
Depuis plusieurs années, le Maroc contrôle de manière stratégique ses laissez-passer consulaires, ce précieux sésame sans lequel il est impossible de renvoyer les déboutés du droit d’asile marocains vers leur pays d’origine. À l’inverse, la France continue d’émettre généreusement des visas.
Le 2 octobre dernier, Bruno Retailleau a révélé au Figaro Magazine que 238 750 visas ont été octroyés aux Marocains en 2023. En échange, le Maroc n’a accordé que 725 laissez-passer. Seuls 865 expulsions effectives ont été réalisées. Un déséquilibre incompréhensible, qu’un rapport du Sénat est venu confirmer en 2021 : « La délivrance de laissez-passer est toujours sporadique et le refus des vols groupés ferme ».
Malgré ce jeu de dupes, le ministre de l’Intérieur français, continue d’appeler le Maroc un « grand pays ami » et parle encore d’« agenda global » pour régler la question des OQTF. Mais en 2022, lorsque le Gérald Darmanin avait sensiblement réduit l’octroi de visas aux ressortissants marocains, le Royaume n’avait pas plié.
Paris – Rabat, le rapport de force
La France, dans un élan de « bonne volonté », est même allée jusqu’à soutenir le plan d’autonomie marocain pour le Sahara occidental, espérant que cette main tendue suffirait à débloquer la coopération migratoire. Mais en réalité, ce geste n’est en rien un gage de réciprocité de la part de Rabat.
La vérité, c’est que la France se retrouve ici en position de faiblesse, avec ses 96 115 OQTF émises en Europe au second trimestre 2024 et un maigre 26,3 % de retours effectifs, selon Eurostat. Le Maroc, parfaitement conscient de son importance géopolitique en tant que pays de transit vers l’Europe, laisse Paris se débattre avec des objectifs de retour qui semblent inatteignables sans une vraie concession de sa part.
Le Maroc fait aussi face à la pression migratoire
Dans ce contexte, l’Union européenne cherche aussi à renforcer sa politique de retour et envisage même la création de centres de retour dans des pays tiers pour héberger les migrants déboutés. L’UE finance déjà les garde-côtes de Libye, de Tunisie et de Turquie – une aide qui, en passant, arrange bien le Maroc.
Car aujourd’hui, le pays du Maghreb subit lui aussi une pression migratoire. Selon le think tank Carnegie Endowment for International Peace, environ 366 000 tentatives de passage de la frontière européenne ont été enregistrées au Maroc ces cinq dernières années, un chiffre qui illustre bien l’ampleur des défis auxquels le pays doit faire face.
Cette visite d’État pourrait bien marquer un tournant vers des relations diplomatiques plus apaisées, avec l’ambition affichée de Bruno Retailleau de bâtir des bases solides pour les trente prochaines années. Puisque derrière l’éternelle complexité des OQTF, la France a des marges de manœuvre bien réelles. Encore faudrait-il qu’elle décide de les utiliser.
A lire aussi : 23 Géorgiens sous OQTF expulsés depuis Rennes.
1 commentaire
Cristobal
Notre idiot national va encore nous compromettre au Maroc. Ces déplacement et sa prise de parole à l’étranger devrait lui être retiré.
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