Politique
« Déconnexion », « scandale » : des élus s'insurgent contre l'obligation de la parité hommes-femmes dans les élections municipales

Ce lundi 7 avril, l’Assemblée nationale a adopté une réforme du scrutin pour les élections municipales de 2026. Cette nouvelle mesure impose désormais la parité hommes-femmes sur les listes de candidats dans les communes de moins de 1 000 habitants. Jusqu’à présent, ces petites communes étaient exemptées de cette obligation, contrairement aux villes plus grandes. Le texte a été voté par 206 voix contre 181.
Avant cette réforme, les villages de moins de 1 000 habitants bénéficiaient d’une dérogation à la règle de parité, en raison des difficultés à constituer des listes complètes. Dans ces petites localités, le faible nombre d’habitants complique souvent la recherche de volontaires pour se présenter aux élections municipales. Désormais, ces communes devront, comme les autres, présenter des listes comportant autant d’hommes que de femmes, une décision qui aligne leurs obligations sur celles des grandes agglomérations.
Des débats animés à l’Assemblée
Le vote de cette réforme n’a pas eu lieu sans heurts. Les débats à l’Assemblée nationale ont été marqués par des échanges tendus. Le projet, porté par les partis du centre et de la gauche, a rencontré une forte opposition de la part des Républicains, de l’Union des Droites pour la République et du Rassemblement national. Malgré cela, la mesure a été validée, suscitant des réactions contrastées. Yaël Braun-Pivet, présidente de l’Assemblée nationale, a salué cette avancée sur X : « On l’a fait ! La parité devient une réalité dans toutes les communes de France. » Antoine Léaument, député LFI de l’Essonne, a également célébré ce vote, déclarant sur le même réseau : « Parité obligatoire partout ! »
Néanmoins, cette réforme ne fait pas l’unanimité, notamment parmi les élus locaux des petites communes. Nicolas Petit, conseiller municipal de Tresserve, a exprimé ses inquiétudes : « Faire une liste paritaire dans une commune de moins de 1 000 habitants est difficile. Certaines équipes risquent de ne pas se présenter, laissant des communes sans candidats. » De son côté, le député LR Fabien Di Filippo (Moselle) a dénoncé une décision déconnectée des réalités locales : « Faisons plutôt confiance à nos maires ! Arrêtons d’imposer un carcan administratif uniforme depuis Paris. »
Un « scandale » pour certains élus
Eddy Casterman, député RN de l’Aisne affilié au parti de Marion Maréchal, a qualifié la mesure de « scandale ». Selon lui, cette obligation, combinée à la suppression du scrutin par panachage, pourrait entraîner la disparition de nombreuses petites communes faute de candidats en nombre suffisant. Initialement prévue pour 2032, l’application de cette loi a été avancée aux municipales de 2026, amplifiant les dénonciations de ceux qui y voient une décision précipitée et inadaptée aux territoires ruraux.
Entre les partisans d’une parité renforcée et les défenseurs des spécificités locales, cette réforme électorale continue de diviser. Si elle est célébrée comme une victoire pour l’égalité dans les sphères politiques, elle soulève aussi des questions sur sa faisabilité dans les petites communes, où les réalités démographiques et sociales pourraient compliquer sa mise en œuvre.
À lire aussi : Municipales 2026 : le Parlement étend le scrutin de liste paritaire aux petites communes

7 commentaires
Jack
La parité totale est observée dans le monde d'Utopia, mais dans le monde réel cela est-il possible ? Si absence de candidates ou candidats insuffisant, comment faire ? Mais si la personne désignée (de force) est totalement incompétente que se passera t'il ? Trop d'individus incompétents hantent deja le Parlement
Guillaume
Ou comment maintenir un système sexiste et ségrégationniste. Vous n'êtes plus jugé à l'aune de vos capacités mais de vos organes génitaux. Bientôt la parité de couleur de peau ? Et de religion ? Et d'orientation sexuelle ? Ont-ils pris en compte les candidats non-binaires et les genderfluid ?
SapereAude
Encore une crypto-mesure parce que si elle est soutenue fortement par des élus de gauche, alors elle cache forcement un dessein qui n'a rien à voir avec le bien des français qu'ils se doivent de représenter (l'essence de la représentation parlementaire en démocratie), mais plutôt à l'asservissement encore plus grand des français dans leur totalitarisme idéologique (l'éclairage de leur actes depuis un demi siècle le confirme). Alors de quelle crypto-mesure peut-il s'agir ? Il me semble qu'ils viennent d'ouvrir la porte au vote communautaire à terme, et au vote des étrangers, voire au vote des trans et autre groupe qui s'identifie par sa propre stigmatisation et sa propre ostracisation, car au nom de la parité, ils ne se limiteront plus à 2 catégories et désormais cette loi devient le socle sur lequel il leur sera facile d'y greffer des amendements, sans pouvoir facilement les dénoncer démocratiquement.
SapereAude
[ addendum ] J'imagine en plus que la cible immédiate est de rendre encore plus difficile la création de listes rurales qui comme l'a montré les européennes et les législatives sont plus favorables au RN...
vert10
Françoise Giroud était une visionnaire . « La femme sera vraiment l’égale de l’homme le jour où à un poste important on désignera une femme incompétente. ". Françoise GIROUD (1916-2003), citée dans Le Monde, 11 mars 1983
AS99
Qui se soucie réellement de la parité ? Ce qui compte, ce sont les compétences et l'expérience.
Samuel
Cela va entraîner une régression des mentalités, puisque des femmes seront présentées sur des listes et élues à cause de leur simple sexe et non pas leur compétence / sérieux. Donc, à force d'accumuler ce genre de mesures, beaucoup vont commencer à se dire "une telle a sûrement été élue parce que c'est une femme". C'est déjà le cas pour certains postes hauts dans la hiérarchie dans les entreprises. S'il y a moins de femmes sur certaines listes, ce n'est pas par complot misogyne mais simplement parce qu'il y a moins de femmes ambitionnant de devenir élues dans certains partis et même dans la politique en général. Je trouve grave que des gens se soucient encore du sexe des élus, je n'aurais aucun problème à voter pour une liste 100% féminine représentant mes idées.
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