Union-Européenne
Ursula von der Leyen seule en croisade diplomatique
Alors que la présidente de la Commission européenne accorde un soutien indéfectible à Israël, les vingt-sept pays membres de l’Union européenne s’indignent de la mainmise diplomatique d’Ursula von der Leyen.
Samedi 7 octobre 2023, la présidente de la Commission européenne, Ursula von der Leyen et la présidente du Parlement européen, Roberta Metsola déambulaient dans les ruines du kibboutz de Reim, en Israël. S’est ensuivi un discours donné en territoire israélien peu de temps après avoir constaté les conséquences de la violence qui s’était abattues sur l’État hébreu. Durant son allocution, la présidente de la Commission européenne n’a pas attendu de recevoir la ligne diplomatique définie par les ministres des Affaires étrangères européens.
Le 9 octobre 2023, lors d’une réunion informelle à Oman, péninsule arabique, les vingt-sept États membres de l’Union européenne ont envoyé en émissaire leur ministre des Affaires étrangères afin de définir une ligne diplomatique à adopter d’urgence sur le conflit israélo-palestinien. « Appel au calme », « soutien à Israël », et incitation à une réponse militaire mesurée dans le but d’épargner les civils des deux parties. Ursula von der Leyen, quant à elle, ne gardera que le soutien à Israël dans son discours : « Face à cette tragédie indicible, il n’y a qu’une seule réponse possible : l’Europe se tient aux côtés d’Israël. Et Israël a le droit de se défendre. »
Vendredi 13 octobre 2023, la présidente de la Commission européenne s’est rendue une nouvelle fois en Israël en soutenant ses anciens propos. À cette occasion, elle a déclaré qu’Israël avait « même le devoir de défendre et de protéger sa population ».
Ursula von der Leyen : pro-Israël ?
La ligne diplomatique allemande est claire : soutien total à Israël. Mais la présidente de la Commission européenne n’est plus ministre en charge des familles en Allemagne. Le remue-ménage autour des déclarations de von der Leyen, qu’elle assume être personnelles, soulève un problème politique plus profond. Est-ce que la présidente de la Commission européenne ne ferait pas cavalier seul jusqu’à la fin de son mandat en juin 2024 ?
Lors de la dernière réunion des commissaires européens, von der Leyen avait pris l’initiative d’invité l’ambassadeur d’Israël alors que la politique étrangère ne fait pas partie des champs d’action relevant de l’autorité de la présidence de la Commission européenne. Les questions sur la méthode von der Leyen restent entières et les commissaires européens s’inquiètent. « Dans toutes ses communications, les commissaires sont systématiquement oubliés, comme s’ils n’existaient pas. Nous sommes invisibilisés » a déclaré un commissaire européen suite aux agissements diplomatiques de la présidente de la Commission européenne.
Le départ de feu diplomatique pouvant embraser l’ensemble des capitales européennes a été éteint par le commissaire chargé de la politique de voisinage de l’Union européenne, le Hongrois Olivér Várhelyi, qui a annoncé suspendre les aides européennes au développement à destination de la Palestine, soit 1,2 milliard d’euros de 2021 à 2024. Peu de temps après, la Commission européenne a rétropédalé en déclarant sur le sujet des aides au développement de la Palestine : « un réexamen urgent de l’assistance de l’Union européenne à la Palestine. » Les flammes ne sont plus visibles, mais le brasier diplomatique peut repartir à toute déclaration.
There is no justification for Hamas’ heinous act of terror.
Israel has the right to defend itself.
At the same time civilians in Gaza are also victims of Hamas.
This is why we are tripling our humanitarian aid for Palestinians in need. pic.twitter.com/x0zlUOKdb8
— Ursula von der Leyen (@vonderleyen) October 15, 2023
Ursula von der Leyen : un excès de zèle diplomatique
Le fait d’affirmer qu’Israël est légitime en matière de défense militaire de sa démocratie, de son État ainsi que de son territoire, n’a pas été exclu de la ligne des responsables diplomatiques des États membres, mais la propension à trop vouloir en faire d’Ursula von der Leyen aurait pu prendre une tout autre tournure diplomatique si son positionnement avait été différent sur le sujet.
Quoi qu’il en soit, le portefeuille de la présidente de la Commission européenne est bien chargé, mais la politique étrangère n’en fait pas partie. Emmanuel Macron lui-même n’a pas apprécié les sorties diplomatiques d’Ursula von der Leyen.
Les aides humanitaires de l’Union européenne, dans ce conflit, sont à destination des civils gazaouis. Le budget de ces aides a triplé pour atteindre 75 millions d’euros au total. La mise en place d’un couloir humanitaire par l’Égypte est prévue. L’État d’Israël, quant à lui, ne reste que le bon client de l’Union européenne (l’État hébreu compte l’Union européenne comme premier partenaire commercial).
À lire aussi : Israël : un pays sous le choc
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